J'ai hésité longtemps à venir à Gruissan pour cette course suite à une petite déchirure 10 jours avant. Mais l'engagement financier (train, hôtel, inscription) ont fini de me motiver.
Arrivé à Narbonne, impossible de trouver l'arrêt du bus pour Gruissan. Quand j'aperçois le bus au loin, je me mets sur sa route en faisant de grands gestes pour l'arrêter et lui demander où se trouve ce maudit arrêt. Le chauffeur, ni une ni deux, m'embarque en se foutant de moi. Toujours aussi sympas les gens du sud.
L'hôtel Best Western du casino Phoebus de Gruissan accepte de nous laisser la chambre pour la douche d'après course cette année. C'est très agréable. Par contre, ils m'avaient dit jusqu'à 14h00 maximum et cela me mettra la pression le lendemain. Après l'hôtel, direction le retrait des dossards et la rencontre avec des kikoureurs: Benoit, Michel, Francis, Steve. Avec Francis, Michel et Steve, on se retrouve pour bouffer le soir. Mais un léger détail va nous obliger à manger une pizza sur un comptoir. Tous les restos sont complet car ce soir c'est : La Saint Valentin ! Une pizza aux cinq fromages, c'est excellent mais cela donne soif. Il n'y a pas d'eau, tant pis: première bêtise! Le soir je me couche mais j'ai encore soif...
froid matinal
Le réveil sonne à 6h20 : il fait froid et vers 8h00 quand le soleil se lève, le vent de terre aussi. A 8h15 le départ est donné pour 250 coureurs dont quelques pointures (D. Laget, Guichard, ...). Moi je reste tranquille car je ne sais pas comment ma cuisse va réagir lors des premières côtes. Finalement sur les 900 m de dénivelé réalisés, elle ne m'aura pas gêné. Je sens que je n'ai pas la caisse et j'avance doucement, je papote avec quelques coureurs, rencontre un nouveau kikoureur Gae11. J'essaye de boire et manger mais avec le froid j'ai dû mal comme d'habitude. L'année dernière, cela m'avait joué des tours. Cette première partie du parcours a été modifiée et je la trouve plus dure mais plus belle. De beaux single tracks tous nouveaux tous neufs pour nous faire éviter les stigmates de la tempête du 24 janvier ? Sur cette première partie j'ai pas les cannes, et du coup le moral dans les chaussettes. Je pense un peu trop à l'abandon... Un coureur raconte que sa femme le quitte pour un autre et moi je suis ici, j'en profite : les loisirs dans notre couple sont-ils bien équilibrés ? Merci l'ambiance, j'ai vraiment beaucoup trop de pensées négatives. Je comprends mieux pourquoi j'aime courir seul !
Puis arrive le 29 ème kilomètre et une pose technique s'impose pour mes intestins. Rien de grave, j'ai l'habitude ... Par contre je me mets à pisser noir, du sang, beaucoup de sang, et là planqué derrière les arbres je prends peur ! Je repars inquiet et cela se sent dans le rythme. Autant j'avais pas les cannes mais l'envie avant cette pause, autant maintenant ... Quand je cours je me sens vidé, je ne souhaite plus pousser la machine car je ne lui fais plus confiance ! Les jambes tournent très mal mais la tête tourne à plein régime ! Je croise des secouristes après la descente de la falaise de Pierre droite, mais je fais l'autruche. Au ravitaillement je croise une tête connue : Emmanuel C. Un autre cannonballer également engagé sur la Trans Aq 2009. On marche bien 15 minutes ensemble en échangeant sur nos préparatifs pour cette course de rêve et sur nos prochains objectifs. Cela fait plaisir de discuter avec un bonhomme avec qui on a autant d'envies communes. On se donne rendez-vous sur le forum de la trans aq pour se retrouver autour d'une bière. Il veut repartir alors j'essaye de le suivre mais au fond de moi la décision est prise : j' abandonne.
Quelques flamands rose

Je le laisse partir et j'appelle Chris et lui transmets une partie de mon inquiétude. Cela me fait de bien (beaucoup moins pour elle) de l'entendre.
vous avez dit déçu ?

Un peu plus loin je croise un bénévole et lui demande comment rentrer rapidement car j'abandonne. Je quitte le parcours. Je suis triste :
Je suis déçu et je me dis que je n'aurais pas dû abandonner, que je ne referai pas ce GPT. Mais après une bonne douche et des urines très noires je pense avoir pris la bonne décision. Ensuite je prends la direction de l'arrivée : moment très étrange où je vois mes compagnons arriver au bout de 5h30 à 6h00 d'efforts alors que je ne me sens même pas éprouvé ! J'essaye de profiter du cassoulet mais je suis seul et triste. Je vais voir le médecin à l'arrivée qui me rassure : ce qui m'arrive est lié à des micro traumatismes qui ont brisé beaucoup de capillaires et surtout à un manque important d'hydratation. Je dois boire beaucoup et si cela ne rentre pas dans l'ordre d'ici ce soir je dois aller consulter. Je retrouve Emmanuel qui me ramène sur Narbonne. J'aurai l'après-midi pour visiter cette vieille ville et attendre le train (forcément en retard !)

Depuis le donjon de l'hôtel de ville
la voie domania
Un après-midi pour réfléchir et me dire qu'il faudra que je revienne pour briser ce démon. D'ici là il y a la Trans Aq et je dois me reconstruire physiquement et mentalement!